Le Temple

Seul temple inscrit au monument historique de la Vienne (le 21 septembre 1998),

le temple de Rouillé a un caractère monumental remarquable, qui lui a valu l’appellation de “cathédrale protestante du Poitou”.

L’histoire de Rouillé se rattache surtout à celle des populations protestantes de l’Ouest. Rouillé, située dans la bordure orientale du Poitou, est une enclave au milieu d’un pays catholique. Les anciennes seigneuries réformées du sud de la commune servirent d’asile à la nouvelle doctrine de Calvin.

En 1813, le consistoire demande au Préfet de l’autoriser à acheter l’ancienne grange dimière qui, vendue comme bien national, pouvait servir de temple. Aujourd’hui détruit, ce bâtiment servait avant la Révolution à entreposer le dixième des récoltes que le clergé percevait à titre d’impôt. Toutes les autorisations administratives étant obtenues, il est acheté en 1814. Cet édifice très vieux est en outre en très mauvais état et ce ne fut qu’une suite ininterrompue de travaux de réfection pendant des années.

En 1869, en accord avec le conseil presbytéral, le conseil municipal entreprend de construire un nouveau temple. Mais la guerre de 1870 arrête ce projet qui ne fut repris qu’en 1877. Le conseil presbytéral fait  donc l’acquisition d’un terrain appartenant au maire M. GUITTON, situé entre la mairie et la voie de chemin de fer. Les travaux commencent en 1880 et se terminent en janvier 1884.

Les plans soumis à la direction des édifices diocésains, sont dressés par l’architecte BOYER. Les entreprises FELINEAU et RIFFAULT d’Angoulème sont chargées des travaux.

Dans une superficie totale de 903 m², le temple peut contenir 603 personnes et les tribunes 243.

Alliance de deux styles, néo-gothique à l’extérieur et néo-roman à l’intérieur, il est des plus complexes tant dans ses formes que dans sa partie architecturale.

Cet édifice est constitué de plusieurs volumes formant des décrochements avec pignons et toitures indépendantes en ardoise. Il se compose d’un corps central doté d’un porche, de deux bas côtés et de deux tours d’accès aux tribunes.

Le vaisseau et les bas côtés du temple sont divisés en trois travées séparées par des colonnes. Le vaisseau central est couvert de voûtes d’arrêtes. Il s’ouvre entre chaque colonne de doubles arcatures en plein cintre retombant sur des colonnes aux chapiteaux feuillagés, support des tribunes de l’étage. Ces tribunes sont voûtées en berceaux plein cintre transversaux. Le chœur s’inscrit dans une voûte en cul de four.

Tous les matériaux employés proviennent de la localité ou des environs. Les fondations en moellons extraits des carrières de l’Epine, les tailles de pierre de Curzay et les pierres blanches de Niort. La taille de pierres de la façade est confiée à la maison Bonnillet et Lavoux. La charpente est en chêne et sapin tandis que l’escalier conduisant aux tribunes est en chêne et ormeau. La couverture de l’édifice est en ardoises d’Angers, les parquets des tribunes en sapin rouge, puis les portes en chêne.

Le mobilier consiste en un ensemble de chaire, table de communion, dix stalles et bancs exécutés sur le modèle de ceux du temple de Poitiers. Le tout en chêne ciré.

Le programme, très complet, s’achève par la construction des murs de clôture, de la sacristie et de la grille sur rue. Une porte centrale et des vitraux sont installés en 1963/67.

Le temple possède également une grande rosace à vitraux de 1967, située au-dessus de la porte centrale.

En 1995, sous l’impulsion du pasteur de l’époque, Pierre LEFEBVRE, le temple est doté d’un orgue placé sur la chaire à prêcher.

Le projet d’installation d’un orgue est mentionné dans une délibération du conseil municipal de Rouillé en décembre 1989. Toutefois, il a fallu six années pour mener à bien sa réalisation et surtout pour trouver les financements de cet investissement (618 239 francs). Ont participé financièrement : la DRAC, le Conseil Général de la Vienne, la Communauté de Communes du Pays Mélusin, le Ministère de l’Intérieur et la Commune de Rouillé.

Cet instrument a été entièrement réalisé par Jean Pascal VILLARD, le jeune facteur d’orgue de Thenezay et inauguré le dimanche 3 décembre 1995.

Sa vocation première est d’accompagner les offices religieux, mais aussi de réaliser des concerts de qualité voire de contribuer à la naissance de jeunes talents organistes. Cette ambition culturelle pourrait accroître le rayonnement du temple de Rouillé, cinquième temple français en superficie et e plus grand édifice de l’Eglise Réformée dans le Grand Ouest de la France.

Cet orgue possède 12 jeux, 2 claviers, 1 pédalier et 844 tuyaux en bois et en étain martelé.